Un exercice que je propose dans mes ateliers d'écriture scénaristique
Récrire une scène d'un film culte
Vous avez le choix entre 5 scènes proposées.
Choisissez une des scènes et imaginez une autre version de celle-ci.
Signe de croix
Lino, Francis, Robert, Bernard et Jean viennent de pénétrer dans une église pour échapper à la police. Lino, le leader du groupe, cherche une idée pour rentabiliser cette malencontreuse visite dans la maison de Dieu. — Lino, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? — On attend, on écoute, on réfléchit ! — Robert vient de faire les troncs d’église ! — Quel con, il va nous faire remarquer cet imbécile. — Psst, Psst … Francis ! — Oui Jean que veux-tu ? — Qu’est-ce qu’on fait ? — On attend, on écoute et Lino réfléchit ! — Et pourquoi il n’y a que lui qui réfléchit, rétorque Bernard ? — Il réfléchit parce que c’est lui qui a les idées. — Ça dure combien la messe ? — Tais-toi Robert, tu vas nous faire remarquer. — Tu crois que c’est marrant d’être agenouillée avec des poches qui sont aussi lourdes qu'un âne mort ! — Tu n’avais qu’à pas piquer les deniers de l’église Robert, lui répond Lino. — Quels deux niais, je ne les ai pas vu ? — Fermez vos gueules ou je fais une distribution de baffes gratuites… Vous avez vu en face de nous ? — Oui le curé. Je trouve qu’il a l’air louche, lance Jean, — T’as raison, c’est louche de s’habiller en robe avec une croix rouge, de bouffer le corps du Christ et de boire le sang de Jésus. — Mais non, pas le curé, derrière lui ! — Le calice en or ? — Francis, le calice n’est pas en or il est en vermeil… Qu’est-ce qu’il fait Robert ? — Il prie, répond Bernard ! — Ce n’est pas le moment de bavasser avec les anges ! — Il a besoin de se recueillir pour dissiper le poids de sa culpabilité ! — Quelle culpabilité ? Celle d’avoir voler du blé dans les troncs de l’église. — Non d’avoir tué les deux niais. — Mais quelle bande de branquignoles … Vous avez tellement d’air dans votre cerveau que vous pouvez vous élever tout seul dans la connerie… Vous n’avez pas besoin de prier, on est comme ça, des malfrats, des gangsters, des bandits, nous sommes tous les cinq des fossoyeurs de richesses, des pourfendeurs d’argent, des arnaqueurs de première. Nous sommes d’utilité publique, nous. Nous ne pointons pas au chômage, nous n’utilisons pas la sécurité sociale pour soigner nos blessures par balle. Bon maintenant Stop ! Regardez la croix, cette grande croix. — Oui et alors ? — A l’or, jésus il est ? — Il est quoi ? exhortent-ils tous en chœur ? — Jésus est en Or massif ! — Mais nous n’allons jamais pouvoir porter cette croix, elle est immense. — Nous allons scier la base, à partir des genoux ! — Non ! Entonne les sbires de Dino en chœur — Mais si ! Répond Lino. — Tu ne peux pas faire ça, s’exclame Bernard ? — Surtout qu’il est déjà cloué, alors le scier bonjour ! — Son père était charpentier, il en a vu d’autre, Jean … — Ah non pas les genoux, regardes, nous sommes à genoux depuis une plombe et ça nous fait un mal de ouf. J’ai l’impression d’avoir du pâté de chien dans mes articulations. — Ça va lui coûter un bras ! — Ben deux, sinon nous risquons d’être déséquilibré. Surtout qu’il a le bras long le bougre. — Et toi Robert qu’en penses-tu ? — Je n’ai jamais pensé et ce n’est pas maintenant que nous allons multiplier Jésus, en petits morceaux, que je vais commencer à le faire. — Et la tête, émet Francis à Lino. — Quoi la tête ? — Coupons-lui la tête ! — C’est plus de la multiplication à ce niveau-là , c’est de la soustraction ! s’interroge Francis. — C’est vrai, nous sommes un peu divisés aujourd’hui ! — Et c’est toujours Jésus qui en paye l’addition… Je ne suis pas d’accord, défend Robert. — Alors vous avez une autre solution les gars ? — Euh oui moi j’en ai une ! — Oui Jean, parle ! — Ayant le nom de l’apôtre de Jésus, je préconise de le fondre dans la masse… Je vous assure dans ce métal, il ne va pas nous faire une « cène ». — Qu’en Penses-tu Francis ! — Moi, je m’en lave les mains…. Serge Leterrier Auteur
